Statistiques sur le deuil

19 septembre 2024 | Général

Enfin la voix des endeuillés est entendue !

4000 endeuillés se sont exprimés l’an dernier lors de la plus grande consultation canadienne sur le deuil. 4000 !!! D’un bout à l’autre de l’océan, dans notre grand pays, les endeuillés ont eu une tribune pour parler grâce à l’Alliance Canadienne pour le Deuil (ACD). Les résultats sont éloquents et sont très proches de mes observations cliniques des 30 dernières années. Il est pressant d’établir un dialogue de société sur le deuil.

On entend souvent : “Vous êtes chanceux, car dans notre temps, nous n’avions pas d’aide…” On comprend que les gens parlent des services spécialisés ici. Mais les résultats du sondage démontrent aujourd’hui que ce n’est pas une question de temps. Car encore en 2023, 1 endeuillé sur 2 ne se sent pas soutenu ni reconnu dans son deuil ni par son entourage, ni par les professionnels.

C’est une donnée qui est pour moi fort inquiétante. Il est clair qu’être reconnu dans son deuil, ce n’est pas une mince tâche quand le deuil est méconnu et tabou tel qu’il l’est en ce moment. Mais que c’est important ! Dans les années 50, Abraham Maslow a créé une pyramide classant les besoins humains en ordre d’importance. Dans sa pyramide, il y a le 4e besoin, soit celui de l’estime. Dans cette catégorie, il y a le sentiment d’être considéré et reconnu dans ce que nous vivons et si ce besoin n’est pas comblé, il sera difficile de se réaliser pleinement.

Comment se manifeste généralement cette non-reconnaissance ? Par des gestes de fuite des autres à notre égard quand nous revenons au travail après la mort de notre enfant. Par des paroles telles que “tu es encore jeune, tu auras un autre conjoint”. Par des regards qui disent trop fort : “Tu pleures encore ? ça fait 3 ans!” Si vous êtes endeuillés, vous savez de quoi il s’agit, vous en avez sans doute une liste ! Si vous n’êtes pas endeuillé, lisez bien ceci :
83% des endeuillés expriment que ça leur fait grand bien d’être interrogés sur leur deuil.
Alors que vous avez peur de leur remémorer un souvenir et que ça leur fasse plus mal, les endeuillés vous disent : “Parle-moi de mon deuil”. Ce n’est pas vrai que les endeuillés ne s’expriment pas, car ils ne veulent pas en parler, ils ne s’expriment pas, car ils ne se sentent pas écoutés, entendus, reconnus et soutenus. Et la solution est si simple, elle demande peut-être un peu de courage quand on n’a pas l’habitude d’employer ces mots, mais essayer à haute voix maintenant en lisant ceci : “Il y a bien longtemps que tu m’as parlé de ton père, comment te sens-tu maintenant suite à sa mort.” Vous risquez de créer quelque chose de grand, alors que vous avez peur de l’élan de larmes (même si c’est tout à fait possible) vous recevrez une étincelle de vie, un merci chaleureux… Vous aurez prouvé à cette personne qu’elle est importante pour vous, ça, c’est un cadeau inestimable.


J’espère que les endeuillés continueront à s’exprimer, ainsi peut-être que notre société pourra devenir meilleure pour les aider!

Josée Masson, ambassadrice de la Corporation des thanatologues du Québec.

***Image : Résidence funéraire Steve Elkas

Partager cet article:

Derniers articles de blogue